On a testé pour vous : Le Lapin Sauté

Nous reproduisons ici – avec son aimable autorisation et sans altération – un article du chroniqueur Philippe Chauveau-Beaubaton. Cet article est également disponible dans sa version originale sur le blog de Philippe et sur le site du journal Le Mague de Frédéric Vignale.

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«Le Lapin Sauté» de La Courneuve

Publié le 04/02/2012 par Philippe CHAUVEAU-BEAUBATON

Le Lapin Sauté, 133 Avenue Paul Vaillant Couturier à La Courneuve.

La Courneuve souffre, parfois injustement, d’une mauvaise réputation et il y a, dans cette ville, quelques endroits bien sympathiques, n’en déplaise à une certaine Presse mal informée qui n’ose pas venir constater sur place que la vie est également présente ici, de peur de s’y faire couper la gorge, comme quoi les idées reçues ont la peau dure !

A deux pas du terminus de la ligne de métro n°7, en sortant de la station «La Courneuve – 8 Mai 1945» et en vous dirigeant à pied vers Le Bourget, vous remarquez soudainement une façade qui attire votre œil et dont l’enseigne indique «Le Lapin Sauté», ce qui fleure déjà bon la cuisine d’autrefois.

Je me souviens, à la dérobée, des odeurs de mon enfance, lorsque ma mère mettait la viande de lapin à rôtir, en ajoutant des oignons et de l’ail qui roussissaient doucement pour devenir le lit porteur de ce mets, sans véritable saveur, s’il n’est pas bien cuisiné. Le déglaçage, au vin blanc et au bouillon de viande, réduit et monté au beurre frais, embaumait toute la maison d’une senteur qui torturait déjà mes papilles, comme pour m’appeler à table avant l’heure.

La devanture du restaurant pourrait nous faire penser à celle de certaines brasseries parisiennes, avec leurs légendaires figures d’écaillers qui ouvrent les huîtres à la vitesse de l’éclair, tout en racontant quelques galéjades. L’intérieur nous convie dans une auberge plutôt feutrée. La salle principale, donnant côté trottoir, est avenante. Cependant, les rideaux ont été jaunis par le temps et auraient besoin d’être remplacés. Les toilettes sont propres, avec un bémol sur la poubelle, côté hommes, dont le couvercle ne se soulève pas à l’aide de la pédale à pied.

L’homme qui m’accueille est visiblement très professionnel, sachant être à la fois avenant et réservé, mais surtout à l’écoute du client.

L’Américano maison est un pur délice, vraiment préparé au bar.
Le prix des deux menus reste raisonnable, à la seule condition de ne pas être tenté par les huîtres car il en vous coûtera un supplément de 3 euros pour 6 huîtres, ce qui fait 50 centimes d’euro par huître fines de claire n°3 cependant bien pleine et goûteuse. Ce système de supplément est parfaitement détestable, parce qu’il limite le choix et nous fait passer dans la catégorie supérieure, si on se laisse tenter. Mieux vaudrait afficher un menu à 30 euros, au lieu de 28, ou alors enlever les sélections proposées.

La cave semble variée et devrait convenir à tous les goûts. Je me suis laissé tenter par un demi Chablis 2009, de chez Roland Laventureux, au nez fruité et à la belle longueur en bouche.

Le lapin sauté, présenté en cocotte de fonte, est remarquablement bien cuisiné. La sauce crémée est composée d’un déglaçage au Vermouth Noilly-Prat, dans laquelle on retrouve des lardons, des oignons grelots, des champignons et des carottes. Deux belles pommes de terre dorées servent d’accompagnement approprié. Un brin de Romarin, piqué au beau milieu de l’ensemble, amène quelques senteurs sauvages de cette enivrante garrigue.

Le pain est plutôt banal, dommage, et l’on vous pose, sur assiette, quelques tranches dorées au four, comme étant une élégante manière de vous présenter le pain non consommé de la veille, alors attention les dents !

Ne voulant me risquer sur un dessert sans saveur, je décide de prendre une assiette de fromages et ne suis pas déçu.

Le bilan est globalement positif et ce restaurant gagnerait à apporter les quelques corrections proposées, pour développer et fidéliser une clientèle déjà bien présente, puisque la salle était pleine.

http://le-lapin-saute.com