Si un jour La Courneuve avance, ce sera à vélo.

Nous vivons dans un des quinze départements métropolitains aux niveaux de vie médians les plus faibles, et de tous les départements de métropole, la Seine-Saint-Denis est le département où les ménages sont les plus dépendants des prestations sociales et en particulier des prestations familiales (INSEE 2004). À La Courneuve c’est plus de 10% de la population qui est couverte par le RMI (INSEE 2010).

Nous sommes donc moins nombreux qu’ailleurs à pouvoir nous offrir une voiture. Pas étonnant que notre département soit, en France métropolitaine et Paris mis à part, celui où le taux d’équipement automobile des ménages est le plus faible (INSEE 2007).

Pas de chance, il se trouve que notre département est aussi sous équipé en transport en commun. À l’approche des élections cantonales, les personnalités politiques locales se sont disputées la gloire d’avoir obtenu que le gouvernement adapte à la population de Seine Saint-Denis son projet de Métro du Grand Paris prévu pour…dans 15 ans ?

Comme si ça ne suffisait pas, les médecins de l’éducation nationale de Seine Saint-Denis, au cours de l’année scolaire 2003-2004, ont réalisé une enquête de prévalence de l’obésité chez les enfants de grande section de maternelle et de troisième. Les résultats montrent une prévalence de l’obésité chez nos enfants. (Santé Publique 3/2006)

Nous sommes moins riches que les autres.
Nous somme peu motorisés.
Nous vivons dans un département qui va rester enclavé encore un bon moment.
Et nos enfants sont plus souvent obèses que les autres.

Pourtant, dans la vie quotidienne, la capacité à se déplacer joue un rôle essentiel: elle permet de trouver et d’aller à son travail, de se rendre à l’école ou la bibliothèque. Elle permet de rendre visite à ses amis et de s’en faire de nouveaux. Bouger, ça émancipe.

Alors tous à vélo ?

Un vélo c’est abordable, c’est économique à l’usage. Ça permet de garder la forme et de parcourir facilement une quinzaine de kilomètre en une heure. On en a tous de bons souvenirs, le vélo est un formidable outil de liberté…à condition qu’on en permette la pratique. Si le relief doux de notre territoire est idéal pour les déplacements à bicyclette, les aménagement des décennies précédentes s’y opposent brutalement.

Faire du vélo en Seine-Saint Denis, c’est pas simple, même quand c’est pas dangereux.

L’audit commandé par Plaine Commune a diagnostiqué qu’en matière de déplacement à vélo, les pôles générateurs ne sont pas desservis, qu’il n’y a pas de cohérence à l’échelle du territoire et que nos communes sont isolées les unes des autres. Effectivement, c’est du grand n’importe quoi :

AmExistLa Courneuve illustre bien ces constats, avec 2 petits bouts de piste et une zone 30 même pas aménagée. Mais ça pourrait changer, grâce au projet ambitieux de maillage proposé par la communauté d’agglomérations afin d’augmenter la part modale du vélo dans les déplacements internes au territoire :

2ResCycMais notre municipalité, malgré de multiples déclarations et engagements en faveur des mobilités douces, ne semble pas vraiment pressée de faire progresser ce projet.

Le 16 décembre dernier, bien que tous les élus aient été sollicités pour connaitre leurs demandes en matière d’aménagement cyclable dans l’attente de la validation du schéma directeur, notre ville n’avait pas encore émis de souhaits pour des aménagements en 2011.

Et alors que le calendrier du projet indique qu’une concertation autour des itinéraires doit être menée dans chaque ville afin de faire partager le schéma directeur cyclable aux habitants des communes entre janvier et mars, à La Courneuve, la concertation n’a toujours pas été annoncée.

C’est bon de savoir notre mobilité quotidienne entre les mains d’une équipe motivée.

Ils sont rares les hommes et les femmes qui nous représentent à ne pas posséder ou bénéficier d’au moins un véhicule. Dans ces conditions, il ne faut pas trop s’étonner qu’ils ne puissent envisager des solutions pertinentes à des problématiques de mobilité dont ils ne font pas l’expérience. La voiture est un outil de pouvoir, et il suffit pour s’en convaincre de voir comment la réunion du Conseil Municipal transforme les abords de la Mairie en grand parking.

Les gens d’ici ont, comme ailleurs, besoin de se déplacer.
Et le vélo constitue, ici plus qu’ailleurs, une solution adaptée.
Il n’y a aucune bonne raison de les en priver.

Dimanche, allons voter!