Pôle PDU : un projet sous-dévéloppé.

Coupe au nord de la Place du 8 mai 1945

Si la politique municipale en termes de circulations douces prête à rire, celle du département donne envie de pleurer.

La lecture des 130 pages de l’étude d’impact réalisée préalablement à la transformation du carrefour des Quatre Routes en est un triste exemple.

Le document cite une pléthore d’outils censés orienter les choix d’aménagement du territoire : un Agenda21, mais aussi un PDUIF, un PLU, un PADD, un PLD, un SDD, et même un SDIC !

La bonne surprise, c’est qu’ils sont unanimes concernant la nécessité d’améliorer les circulations douces existantes en terme de confort et de sécurité Place du 8 Mai 1945 :

L’aménagement de la place du 8 Mai 1945 vise à répondre aux objectifs définis dans le cadre du Plan de Déplacements Urbains d’Ile de France (PDUIF), qui s’inscrivent essentiellement dans un usage coordonné de tous les modes de déplacements, notamment par une affectation appropriée de la voirie, ainsi que la promotion des modes les moins polluants et les moins consommateurs d’énergie.

Le pôle que constitue la place du 8 Mai 1945 est donc logiquement concerné par le Schéma Départemental des Itinéraires Cyclables (SDIC) qui traduit l’objectif du Conseil Général de participer au développement d’un département cyclable.

Le SDIC indique également l’inscription de l’ex-RN 2 pour bénéficier d’un aménagement cyclable, s’intégrant aux 600km de réseau prévus d’ici 15 ans.

De son côté, le Plan Local des Déplacements (PLD) qui s’applique sur le territoire de La Courneuve a pour objectif de doubler le nombre de déplacements à vélos.

Pour réaliser ces ambitions, il faudra prêter une attention soutenue aux équipements permettant les circulations cyclables pour les courtes distances ; c’est d’ailleurs un des thèmes transversaux d’actions génériques proposés pour atteindre les objectifs du Schéma Départemental des Déplacements (SDD).

Le Plan d’Aménagement de Développement Durable de La Courneuve (PADD) est au diapason puisqu’il a parmi ses orientations l’aménagement des abords des pôles de transports, notamment en sécurisant les déplacements des deux roues.

Bref, en favorisant les modes doux, le projet d’aménagement de la place du 8 Mai 1945 viendra étayer l’axe 2 de l’Agenda 21 départemental qui consiste à porter un nouveau modèle urbain, respectueux de l’environnement, au service de ses habitants.

A la lecture du document, on pourrait croire que c’est en vélodrome que va être transformée la place du 8 Mai ! Oui, mais. Les recommandations de l’Agenda21, du PDUIF, du PLU, du PADD, du PLD, du SDD, et du SDIC sont balayées page 89, en 8 petites lignes et 3 tirets :

Différentes alternatives d’insertion d’un aménagement cyclable ont été étudiées.

Curieusement, aucun des différents scénarios présentés dans l’étude d’impact ne comprend d’aménagement cyclable ; comment ceux-ci ont-ils été étudiés ?

  • La réalisation d’un aménagement séparé de type « piste cyclable » s’est avérée impossible au regard des contraintes techniques : en effet les nombreux points durs du site (grilles de ventilation notamment) ainsi que le passage des transports exceptionnels ne permettent pas de telles solutions sur trottoir, comme sur chaussée,

Comment cette alternative peut-elle être évaluée alors qu’elle n’est présentée sur aucun plan, ni aucun dessin ?

  • La mise en oeuvre d’une bande cyclable, matérialisée par un simple marquage est apparue comme une solution à éviter compte tenu des risques certains de stationnement sauvage,

Logiquement, les passages piéton protégés, des voies bus et même des trottoirs devraient apparaître comme des solutions à éviter compte tenu des risques certains de stationnement sauvage. Pourquoi ce raisonnement absurde s’applique-t-il uniquement aux aménagements cyclables ?

  • Les voies bus sont par ailleurs trop étroites pour accueillir les vélos, d’autant que la circulation des cyclistes, de manière générique, est peu aisée dans une gare routière.

Où sont les plans qui présentent des voies de bus élargies permettant d’accueillir les vélos ? Quelles références permettent d’affirmer que la circulation des cyclistes est peu aisée dans une gare routière ?

Ainsi, la cohabitation des vélos avec la circulation générale, couplée d’une réduction de la vitesse à 30km/h, est apparue comme la meilleure solution. CQFD.

Comme trop souvent en matière d’aménagement cyclable, la meilleure solution est miraculeusement apparue comme étant celle qui consiste à ne rien faire.
Ainsi en ont décidé le Conseil-Général de la Seine Saint-Denis et les partenaires du comité de Pôle.

Amen.